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Au revoir Bali

Ici rien n’est identique à ce que je connais : les habitations, la langue, le climat, les plantes, les saisons (saison sèche et saison des pluies), au zénith le soleil est au nord et pas au sud, les habitudes alimentaires (les gens mangent quand ils ont faim, ils mangent seuls – manger n’a rien à voir avec la notion de convivialité -, ils mangent épicé), la notion du temps (être à l’heure n’a pas beaucoup de sens ; les balinais font les choses à leur rythme ; ils viennent ou pas aux rendez-vous ; c’est l’instant présent qui compte).

Quand je suis venue en voyage pendant un mois, j’ai beaucoup apprécié toutes ces différences, mais quand il s’agit de les vivre dans notre quotidien d’immigré, soit on commence à critiquer parce que ce n’est pas comme j’ai l’habitude, soit on s’ouvre à ce qu’on ne connaît pas. On ouvre un espace à l’intérieur de soi pour découvrir ces différences. Alors tout d’un coup, apparaissent des émotions, des façons de penser, des réactions qu’on ne se connait pas. Je me suis confrontée à ces nouvelles expériences et une m’a particulièrement marquée. Je vous la partage :

A Bali, on roule à gauche. Dans la voiture le chauffeur est à droite, donc l’ouverture du regard doit se faire sur la gauche. Le cerveau doit s’adapter. Sur la route, des milliers de motos circulent dans tous les sens ; il n’y a pas de code de la route et tout le monde passe. C’est à peu près la seule règle.

Ça fait environ 8 mois que je suis arrivée à Bali. Je roule en voiture. Je n’ai pas d’assurance. C’est comme ça ici. Il n’y a pas d’assurance ni pour les voitures, ni pour les scooters, ni pour la maison. Un jour, je vais me faire emboutir par une moto ; la personne va aller se projeter contre le mur de ma maison et se casser une clavicule. Avec mon analyse à l’européenne, je suis dans mes droits, elle dans ses torts. Étonnement ! A Bali, quand des personnes ont un accident, on dit qu’il s’agit d’une rencontre… une rencontre karmique. C’est l’occasion pour le plus riche de régler cette dette karmique. Une longue négociation va s’entamer jusqu’à ce que l’équité soit atteinte. Cette règle est aussi valable entre balinais.

Cette expérience va me confronter à comment, dans ce pays où j’ai décidé de vivre, je vais apprendre à me sentir en sécurité en sortant de mes points de repère européens : en Europe ce sont les assurances qui font ma sécurité. Ici ma sécurité sera intérieure. Parce que c’est dans la rencontre avec l’autre et dans l’équité que je vais fabriquer cette sécurité.

Sur le lieu de l’accident la semaine qui va suivre, une cérémonie sera organisée pour enlever la trace énergétique de l’accident. Dans notre quotidien terrestre, nous sommes tout le temps connecter à quelque chose de plus vaste que nous. Et Bali me le rappelle constamment.

Si j’ai un souhait à formuler pour chacun de nous, c’est bien sûr de passer un temps sur cette île, mais surtout d’oser nous mettre dans l’inconfort de l’inconnu pour découvrir de nouvelles facettes intérieures.

A tout bientôt. Mahé